La chasse : une passion royale Grâce à la chasse et à la sagesse des chasseurs, la région parisienne conserve aujourd'hui encore quelques beaux espaces sauvages...
Il est important de noter que cette extension s'est faite par le biais d'acquisitions en bonne et due forme, sur la cassette personnelle du roi. C'est ainsi que Louis XIII possède déjà en 1623 autour de sa propriété de Versailles un domaine de 40 hectares, acquis auprès de 17 propriétaires différents ! En 1632 il achète la seigneurie de Versailles : 167 arpents supplémentaires. Son fils met les bouchées (foncières) doubles : à la fin de son règne, dans les années 1710, le parc de chasse de Versailles seul, qui ne comprend ni le château, ni le " petit parc " qui enserre les jardins de Lenôtre, représente quelque 60 km2 clos par un mur de 43 km ! Deuxième par son importance historique et cynégétique, le domaine royal de chasse de Chambord ne représente " que " 5 300 ha et 37 km d'enceinte. Et quand, dans les dernières années du XVIIe siècle, les parcs de Versailles et de Marly sont enfin réunis, Louis XIV et ses équipages disposent désormais d'un terrain de chasse de 15 000 ha? Plus tard son arrière-arrière-arrière petit-fils Louis XVI achète, en 1783, le domaine de Rambouillet. Liberté de chasser et gestion attentive Sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI, on chassait pratiquement tous les jours. Froid et intempéries n'étaient jamais une excuse pour se défausser. A la date du 14 juillet 1789, le journal intime de Louis XVI ne contienne que ce seul mot : " rien ". En fait le roi faisait simplement là allusion au bilan de sa chasse ! Les rois chassaient à courre, à tir et au vol. La chasse à courre mobilise un équipage et des meutes de plus en plus importants : Louis XV a ainsi triplé les effectifs des meutes et des chevaux. Louis XIV est le premier à adopter une tenue de vénerie pour ses équipages : bleue à parements cramoisis, elle reprend les couleurs de l'habit des gardes du corps royaux. C'est également sous son règne, vers 1680, que se généralise l'usage de la " trompe de chasse ", dont procède l'actuel cor. Et c'est vers 1705 que retentissent les premiers " airs de chasse " pour trompes. Comme les chasseurs modernes, nos anciens furent aussi des écologistes de raison. Les domaines royaux adoptent un système de rotation pour permettre le renouvellement du gibier tout en poursuivant la chasse. Loups et nuisibles sont activement pourchassés (le loup disparaît de la région de Versailles pratiquement en même temps que Louis XIV, vers 1715)). De même, pour garantir la pérennité et le développement de la chasse, les monarques s'opposent à la volonté systématique de défrichement et créent des services forestiers voués la conservation de la faune. Le braconnage sur le domaine royal est du reste sévèrement puni. Bref c'est grâce à cette passion royale que la région parisienne conserve aujourd'hui encore quelques " poumons verts ". À Versailles, Louis XIII fait délimiter, au sud-est de son château, un enclos pour y retenir des biches. Baptisé " Parc aux cerfs ", cet endroit, plus tard construit, acquerra sous Louis XV la réputation - usurpée (!) - d'un lieu de coquineries, l'imagination populaire soupçonnant le " Bien-Aimé " d'y pratiquer un autre type de chasse ! Pierre Robin
C'est à découvrir au musée de Versailles? " l'Antichambre des chiens " et la " Salle à manger des retours de chasse " rouvrent leurs portes après trois siècles de sommeil. Suivez le guide? Ces deux pièces étaient les premières de l'appartement intérieur de Louis XV, aménagé au premier étage de l'aile nord du " château Vieux ", c'est-à-dire le petit bâtiment construit à partie de 1631 par Louis XIII. Si l'Antichambre des chiens ne concernait - et n'abritait - que les chiens d'appartement - " de cour " devrait-on dire - du roi, la Salle à manger des retours de chasse fut, à partir de 1754, le lieu des soupers - des dîners dirions-nous aujourd'hui - de Louis XV de retour de ses chevauchées cynégétiques. Ces soupers, réservés aux courtisans, étaient un des enjeux majeurs de la vie mondaine versaillaise. Après-chasse & mondanité Deux magnifiques " tables des chasses " retiennent particulièrement l'attention du visiteur : posé sur un piétement quadruple de stuc doré, le plateau recouvert de verre de ces tables est en fait un plan des domaines royaux - et donc territoires de chasse - de Versailles et de Marly. Situé à sept ou huit kilomètres au nord du domaine de Versailles, le petit château - hélas détruit durant la Révolution - de Marly fut, à partir des années 1680, une sorte de Versailles intime. La compagnie du roi à Marly devint alors le summum de l'ambition versaillaise, et il était courant de voir les courtisans supplier ainsi le roi : " Sire, Marly, Marly ! ". Pour en revenir aux tables des chasses, les plans qu'elles portent, extrêmement précis et colorés - les massifs boisés sont de teinte verte - sont un témoignage assez émouvant et de la topographie des lieux, et de la vie et des passions du roi de France au XVIIIe siècle. Château de
Versailles
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